C'était dans un vaste hangar, aux poutres noires de poussière envolée, aux grandes persiennes d'où
soufflait un continuel courant d'air. Les berlines de houille arrivaient directement de la recette, étaient versées ensuite par des culbuteurs
sur les trémies, de longues glissières de tôle; et, à droite et à gauche de ces dernières, les cribleuses, montées
sur des gradins, armées de la pelle et du râteau, ramassaient les pierres, poussaient le charbon propre, qui tombait ensuite par des entonnoirs dans
les wagons de la voie ferrée, établie sous le hangar.
Philomène Levaque se trouvait là, mince et pâle, d'une figure moutonnière de fille crachant le sang. La tête protégée d'un lambeau de laine
bleue, les mains et les bras noirs jusqu'aux coudes, elle triait....
On les payait au panier, c'étaient des querelles sans cesse renaissantes. Les chignons volaient, les mains
restaient marquées en noir sur les faces rouges.
Un surveillant accourait, les râteaux se remirent à fouiler le charbon. On n'apercevait plus, du haut en bas
des trémies, que les dos ronds des femmes, acharnées à se disputer les pierres.
Emile Zola
Le jour constitue le dernier refuge des femmes travaillant à la mine. Dès les années 1860, avant même que la loi ne les en exclue, elles ne descendent plus guère au fond. Les voilà plutôt chargées du triage, chargées de nettoyer la houille : payées en fonction de leur rendement, elles mettent dans leur panier puis déposent dans des casiers les pierres qu’elles ont ôtées du charbon stocké sur les tréteaux. Sur les rivages des compagnies, les cafuts armées de pelles et de paniers elles chargent les péniches.
Extrait des trois âges de la mine de Virginie Debrabant et Gérard Dumont
1896 Les Cafuts poème de Jules Mousseron